La posture du praticien en hypnose : entre directivité et flexibilité

L'hypnopraticien doit-il induire la solution pour amener le client à l'appliquer ou doit-il la faire émerger ? C'est toute la question. Et à vrai dire, Milton Erickson l'a tranchée il y a bien longtemps. Le psychiatre et psychologue américain, grand maître de l'hypnose, avait notamment évoqué le sujet lors d'un séminaire vers la fin de sa carrière et son positionnement tient en une anecdote : celle du cheval perdu.

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@adhypnosis

8/31/20242 min read

L'anecdote du cheval d'Erickson
L'anecdote du cheval d'Erickson

L'hypnose est une pratique thérapeutique qui suscite souvent des interrogations quant à la posture du praticien. Doit-il adopter une approche directe en guidant le patient de manière rigoureuse ? Ou bien doit-il être plus flexible, en laissant une plus grande place à l'autonomie et aux ressources internes du patient ? Milton Erickson, célèbre psychiatre hypnotiste américain, avançait que ces deux approches étaient nécessaires, bien que cela puisse sembler contradictoire.

L'anecdote du cheval perdu

Erickson illustrait son point de vue à travers une anecdote mettant en scène un cheval perdu. Cette anecdote il l'a racontée lors d'un séminaire d'enseignement. Lorsqu'il était lycéen, il se retrouva face à un cheval égaré. Pour le ramener à sa ferme, Erickson grimpa sur son dos, prit les rênes et s'écria "hue". Il n'avait aucune idée de la direction à prendre, mais il était convaincu que le cheval, s'il était maintenu attentif à la route, saurait retrouver son chemin.

Cette histoire démontre l'idée que les individus possèdent en eux les ressources nécessaires pour trouver leur propre chemin, à condition qu'ils soient guidés avec bienveillance.

Guider sans imposer

Ainsi, la posture du praticien en hypnose doit elle être à la fois directive et flexible. La directivité permet d'orienter le client, de lui donner des indications précises pour atteindre ses objectifs thérapeutiques. Cela peut se traduire par des suggestions claires et des consignes spécifiques. La directivité permet de guider le patient vers un état hypnotique profond et de l'accompagner dans son processus de changement.

Cependant, la flexibilité est également essentielle. Elle consiste à s'adapter aux besoins et aux spécificités de chaque individu, en laissant une plus grande place à sa créativité et à ses ressources internes.

Le praticien doit être capable de moduler sa pratique en fonction des réactions et des caractéristiques du patient. Il doit être à l'écoute de ses besoins, de ses émotions et de ses ressentis, afin de pouvoir ajuster son approche en conséquence. Chaque individu a un vécu singulier dont il convient de tenir compte.

Chaque individu a un vécu singulier

L'approche directe et la flexibilité ne s'excluent pas mutuellement, mais se complètent. La directivité permet d'encadrer le processus thérapeutique, tandis que la flexibilité permet d'adapter ce processus à la singularité de chaque individu. En combinant ces deux postures, le praticien en hypnose peut accompagner efficacement le patient vers l'atteinte de ses objectifs.

Il est important de souligner que la posture du praticien peut varier en fonction des besoins et des préférences du patient. Certains patients peuvent préférer une approche plus directive, se sentant rassurés par des indications claires et précises. D'autres, au contraire, peuvent avoir besoin d'une plus grande flexibilité, afin de pouvoir explorer leurs propres ressources et trouver leur propre chemin.

En ce qui me concerne, j'aime l'idée d'être les deux à la fois. En combinant ces deux approches, le praticien peut accompagner efficacement le patient vers l'atteinte de ses objectifs thérapeutiques, en lui permettant de mobiliser ses propres ressources internes.

Ressources :

  • Gordon & Meyers-Anderson, 1981, p.6

  • Tap roots, Bill O'Hanlon, éd. Satas, 2021